Inscrite dans le festival œnologique et musical de Grenoble Le Millésime, cette randonnée gourmande à la Bastille nous met les sens en émoi : la vue, pour la beauté des paysages, les papilles pour les accords mets et vins, ainsi que les oreilles, pour les notes musicales s’accordant à merveille avec celles, plutôt sucrées ou salées, dégustées dans nos assiettes en papier.
Le principe est simple: partir à l’ascension de la Bastille depuis les Quais Saint Laurent, en faisant des haltes régulières pour déguster un plat du terroir français arrosé d’un vin du Languedoc, thème œnologique de cette année (après l’Ardèche l’an passé).
Nous voilà parés pour cette escapade gourmande, harnachés d’un collier porte-vin arboré comme un talisman, arpentant la ville déjà baignée de lumière par un soleil digne d’un été indien. Première étape : huîtres de Bouzigues accompagnées d’un vin blanc qui nous rafraîchit le gosier. Un premier en-cas qui nous met l’eau à la bouche.
Nous poursuivons la traversée par un petit chemin de terre à la montée abrupte, faisant timidement face à La Soupe Aux Choux, nous conduisant tout droit vers une clairière où un trio de musiciens nous attend de pied ferme. Les notes nous berce tout comme le soleil qui nous enveloppe de sa chaleur apaisante, et on resterait bien y somnoler toute la journée! Mais le travail nous attend, et nous poursuivons ce repas dominical par une fougasse d’Aiguemorte accompagnée d’un vin rouge assez robuste qui porte bien son nom : Ni Ange ni Démon. Le décor commence à se transformer et nous pouvons bientôt apercevoir Grenoble de plus haut.
Le banquet se poursuit par une barquette de ravioles à la Sétoise, aux douces effluves de poisson et de coquilles Saint-Jacques. Une fois n’est pas coutume, nous avons affaire pour nous accompagner, à une petite cuvée pas dénuée d’intérêt. Une nouvelle halte musicale s’impose et nous voilà vite absorbés par les notes qui s’échappent de la guitare d’un grenoblois qu’on croirait espagnol tant les inspirations ibériques se font sentir.
Nous voilà presque arrivés au sommet quand nous est proposé un véritable trou normand (heu, chartreux pardon !) : Chartreuse verte sur glace pilée, voilà de quoi nous faire digérer! Surtout lorsque nous n’avons pas encore dégusté le plat de résistance… Faisons un peu de place…
A peine somme nous remis de cette envolée alcoolique que voici la Duchesse de L’Ivresse qui insiste pour que nous prenions place à ses côtés l’écouter réciter ses plus belles envolées lyriques, rimes et poèmes enchantés sur l’ivresse tant recherchée. Avec son violon tzigane, cette artiste surprenante nous emporte dans un autre monde, et nous ouvre la porte du plat de résistance, bien cachée dans l’une des grottes de Mandrin remise à neuf pour l’occasion. Agneau et riz brun sont au programme pour le plus grand plaisir des amateurs de bonne viande. Le fromage n’est pas une étape à négliger et nous remettons le couvert pour un accord particulier.
Un fois notre estomac comblé, place aux notes sucrées avec un dessert chocolaté servi dans le cloître du superbe Musée Dauphinois, la digestion se poursuivant dans les jardins intimes offrant une vue imprenable sur Grenoble. Le tout couronné de vin sucré qui nous fait vaguement penser à un Sauternes bien frais. Nos yeux et nos oreilles auront été comblés. Sans oublier notre estomac rassasié.
On a déjà booké pour l’année prochaine!